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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 21:40

 


"Avec Casimir et Caroline, Horvàth pose le problème  de la fragilité
des relations humaines,  de la difficulté à être ensemble
et il le fait avec en arrière-plan la crise économique.

La pièce se situe en 1930, à Munich, pendant la fête de la bière.
Les personnages sont en quête du plaisir immédiat.
Caroline, elle le dit, est venue à la fête foraine pour s’amuser.
A part Casimir, qui vient d’être mis au chômage
et dont la détresse est profonde,
tous sont venus pour tenter d’oublier,
dans les flonflons de la fête et les attractions,
la gravité de la crise et la montée du nazisme qui commence à poindre.
(...) 


Je crois qu’au fond de moi je suis obnubilé
par cette problématique du XXe siècle et à cet égard
il me semble que Horvàth fait, dans Casimir et Caroline, œuvre visionnaire
de ce qui va se produire en Allemagne d’abord, puis en Europe.
Ses personnages évoluent dans l’espace clos de la fête foraine,
ils y sont enfermés comme les individus vont l’être
dans cette période terrifiante et destructrice du XXe siècle,
la fête foraine comme une métaphore d’un monde qui se détruit pour rien.

Lorsqu’à la fin de la pièce, Caroline demande les raisons
de la bagarre généralisée, on lui répond « pour rien ! ».
Ce rien résume toute l’histoire de cette période.
Les hommes peuvent commettre des atrocités pour rien.
C’est la question qui m’habite et m’intéresse le plus en ce moment.
Aussi, je suis content de monter la pièce maintenant
et de ne pas l’avoir fait au moment où je l’envisageais, il y a huit ans.
A ce moment là, je me posais la question du rapport de la jeunesse au monde,
à la société, comment vivre l’amour, l’amitié, le désir, par quels moyens fonder l’utopie ? Aujourd’hui ce ne sont pas ces questions qui se dessinent
dans le travail au jour le jour avec les acteurs.
"

Interview d'Emmanuel Demarcy-Mota, metteur-en-scène.
Par Dominique Sarzacq.
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